
Ma mère est plus belle que moi !
Désormais les femmes de 60 ans n’ont plus rien à envier aux plus jeunes… Au point de faire de l’ombre à leurs propres filles ! Rencontre avec Caroline et Amélie, deux trentenaires qui sont complexées par la beauté de leurs mères respectives. Confessions.
Caroline, 36 ans, ingénieure dans le nucléaire chez EDF, travaille à Paris.
J’ai toujours été une élève studieuse, très appliquée et plutôt effacée. J’ai fait de longues études, dans un milieu très masculin et il faut être honnête je n’ai jamais eu beaucoup de succès. J’étais typiquement la fille un peu coincée avec des lunettes et une voix de souris, bref celle qu’on ne remarque pas au fond de la classe. Ma mère, c’est tout le contraire : plutôt bourgeoise, qui prend soin d’elle à coup de crème Sisley hors de prix, de rendez-vous chez le coiffeur pour entretenir son blond « naturel » et faisant souvent des rendez-vous chez le chirurgien pour un coup de « fraicheur ». C’est un peu une caricature du sketch de Sylvie Jolie « Catherine », je ne sais pas si vous voyez… Enfin pour résumer c’est une très belle femme sur qui on se retourne quand elle rentre dans un restaurant. Moi pas. Après mes études j’ai très vite trouvé un haut poste chez EDF. Je travaille essentiellement avec des hommes de tous âges. J’ai souvent eu des coups de cœur pour certains d’entre eux, sans grand résultat il faut l’avouer. J’ai de l’argent, des amis, je voyage, je suis propriétaire d’un bel appartement à Paris… Tout me sourit sauf que je suis seule !
J’ai essayé de « m’arranger » comme ma mère me l’a si souvent répété : j’ai mis des verres de contacts, des vêtements plus moulants même si je reste résolument classique. Mais rien y fait, je galère et j’ai l’impression d’être complètement invisible. Le pire c’est qu’on me compare toujours à ma mère quoi qu’il arrive. Déjà petite, tout le monde me disait « tu es fière d’avoir une maman si jolie, si chic ? » Et bien non ! Je voulais une mère qu’on ne remarque pas, sur qui les regards ne se tournent pas à la sortie de l’école. Ado, c’était vraiment dur, entre les boutons, les bagues, les complexes… Et ma mère qui à cette époque était à l’apogée de sa beauté. Le pire du pire est arrivé il y a un peu moins d’un an. Ma mère m’avait rejointe dans le quartier où je travaille pour déjeuner. Tout se passait bien jusqu’à ce que mon patron et tous les autres ingénieurs de mon étage arrivent pour manger au même endroit que nous. D’habitude, on se contente d’un signe de tête si nous nous croisons à l’extérieur, mais là ils ont carrément foncé sur nous. J’ai vu leurs regards « bloqués » sur ma mère. Nous étions entourés de tous ces hommes qui m’ont bien sur complètement ignorée à part pour demander « qui est ton amie ? ». Et là j’ai eu la honte de ma vie : « Non pas possible que ce soit ta mère ! » et mon préféré : « vous ne vous ressemblez pas du tout ». Un cauchemar. Bien sûr ma mère a été charmante et a fait son petit jeu habituel. Elle les envoute tous.
Maintenant il ne se passe pas une journée sans qu’on me demande au bureau : « comment va ta mère ? » ou « Elle revient bientôt déjeuner avec toi ». Dans le lot, il y a un homme un peu plus âgé que moi sur lequel j’avais des vues. J’aurais dû avoir toutes mes chances vu mon âge… Mais maintenant lui aussi me demande des nouvelles de ma chère mère !
Amélie, 31 ans, responsable de magasin à Cagnes-sur-Mer
Ma mère m’a eu très jeune, à 22 ans. C’est un peu la mentalité de la région à l’époque, tu quittais tes parents pour te mettre en couple et en général le bébé arrivait vite. Rapidement mon petit frère a suivi, Tristan. C’est le petit chouchou, le roi, le soleil de ma mère. Il faut dire qu’il a hérité de sa beauté, elle se reconnaît en lui. Les mêmes yeux, les fossettes hautes, des cils « de fille », le même charme… Moi elle m’a toujours considéré comme une gentille fille qui ne fait pas d’histoire, mais je n’ai jamais été son égale. Déjà petite j’avais tout de mon père : plutôt gauche et effacée mais mignonnette. En grandissant je suis devenue jolie même. J’ai un charme discret, qui plait… Mais hélas pas trop où je vis. Je suis presque trop discrète. C’est un peu cliché mais dans cette partie du sud les hommes aiment les femmes qu’on remarque. Les fringues sexy, les talons et les cheveux longs et souvent blonds… Je suis bien placée pour le savoir je travaille dans une boutique de fringues.
Ma mère n’était pas très amoureuse de mon père et quand il est parti, j’avais 7 ans, elle n’a pas mis longtemps à s’en remettre. Là elle s’est vraiment révélée. Elle a complètement changé d’apparence : rouge à lèvre ultra rouge, robe moulante, bikini… Elle était jeune, belle, avait déjà deux enfants, elle n’a pensé qu’à son propre plaisir. C’était une beauté. Je l’idéalisais totalement, je l’admirais, j’étais tellement fière qu’elle soit ma mère. Mais en grandissant j’ai pris conscience qu’on la regardait plus que moi. Que les vêtements que j’avais envie de porter lui allaient mieux qu’à moi. J’ai essayé de l’imiter mais j’ai vite compris que je n’étais, dans le meilleur des cas, qu’une pâle copie. Ça a été dur, surtout vers 20 ans où j’étais plutôt ronde. Elle toujours si mince, si flamboyante. Maintenant j’ai 31 ans et je crois que je deviens un peu aigri. Pourtant j’ai un ami et deux enfants, je suis assez satisfaite de ma vie… Mais je ne peux m’empêcher de me comparer à ma mère et surtout à son succès. Je n’ai pas hérité de son charme ni de sa silhouette. Elle a une superbe peau alors que je fais encore de l’acné d’adulte. Et il faut dire qu’elle s’habille comme une gamine. Genre Brigitte Bardot en plus vulgaire : top transparent, cheveux décolorés, jupe courte… Elle me fait même honte certaine fois.
Mais bon honnêtement plein de femmes de son âge s’habillent ainsi, surtout sur la côte. Je pense que j’aimerais pouvoir me permettre ce genre d’excentricité. D’ailleurs les gens qui ne nous connaissent pas peinent à croire qu’on est mère et fille. Ici c’est une petite ville tout le monde se connait, ma mère est une figure locale, moi presque invisible… Heureusement que je suis commerçante, pour entendre les ragots et être un minimum reconnue. Ma mère est un peu dans son « délire » et on n’aborde jamais ce genre de questions. Elle ne laisse pas la place, pas MA place. Elle ne veut pas vieillir. D’ailleurs elle n’est pas une grand-mère au sens classique du terme. Elle interdit que mes enfants l’appellent mamie ou mémé (rires). Ils l’appellent par son prénom Isabelle. Oui elle le porte bien. Si j’avais le choix je serais comme elle : belle, sexy et provocante… mais il n’y a rien à faire, ma mère est bien plus belle que moi !